L'ivre de compte
Un rapport récent s’y essaie. Il part (je cite) d’un double constat : l’effondrement rapide de la biodiversité du fait des activités humaines et la sous-estimation chronique des effets de cet effondrement sur la résilience des sociétés. Sous-estimation chronique (sic !) due au phénomène bien connu de résistance. Deux questions se posent : Peut-on s’enivrer de chiffres au point d’en perdre la mesure ? Peut-on partir d’un désir rationnel et pragmatique puis en chemin, comble du comble, choir et s’empêtrer dans un déni irrationnel ? Ecce homo…et le refoulement.
Rationnel vient du latin ratio ou calcul qui vient lui-même de raison qui au moyen âge avait le sens de compte, sens conservé dans l‘expression archaïque livre de raison. Autre expression perdue d’usage elle aussi : vous m’en rendrez raison ou rendrez compte … propos lancé à un fâcheux pour le défier en duel (régler les comptes ne fait pas toujours de bons amis).
C’est presque un livre de compte, voire de raison, que nous propose le think tank français L’Institut Montaigne. Fruit d’une réflexion de fond sur la codépendance entre biodiversité et économie, son rapport a été publié fin 2024, et intitulé Biodiversité et Economie : les inséparables. Or, qui parle d’économie parle aussi de chiffres. S’il était besoin, quelques-uns soulignent l’importance cruciale de notre milieu de vie, notre écosystème. Par quelques exemples, livrons des comptes.
Savez-vous que 50% du PIB mondial dépend directement de la biodiversité ? Qu’à l’échelle mondiale les services écosystémiques sont évalués entre 125 000 milliards et 140 000 milliards de dollars ? Qu’en France les écosystèmes soutiennent des secteurs économiques qui représentent plus de 80 milliards de chiffre d’affaires et 1,5 millions d’emplois ? Super greeen !! dirait Ruby Rhod (Cf. Le cinquième élément, film de Luc Besson).
Qu’un think tank néolibéral (fondé par un des plus grands assureurs de la planète) partage son inquiétude, devrait alerter et faire vraiment réfléchir. Mieux, inciter à agir !
Quel rapport avec le coaching me direz-vous ? Rapport, rien que ce terme est intéressant. Ce peut être ce, qu’en l’occurrence, propose l’Institut Montaigne, un document de synthèse d’une étude plus fournie. Ce peut être une donnée chiffrée de division, donc un partage. Ce peut être un retour sur investissement, donc une intention de gain sur la durée. Ce peut être quelque chose qui a trait à quelque chose d’autre, donc un lien. Ce peut être aussi une relation, entre un, deux, ou plusieurs personnes ou institutions, donc systémique.
Et là est le rapport (outre tous les sens précités) avec le coaching systémique qui s’intéresse à ce qui se passe entre les parties prenantes d’un système, soit les relations. Je verrais volontiers d’un bon œil, un rapprochement relationnel entre les porteurs de ce rapport au sein de l’Institut Montaigne, avec le GIECO (Groupe International d'Experts sur les Changements de Comportement) initié par Jacques Fradin, le Shift Project de Jean-Marc Jancovici pour ne citer que ceux-là, et des coachs férus de systémie. L’idée ? Passer de (se) parler à passer à l’action ensemble ! La clé ? Une décision commune de quelques leaders charismatiques à l’énergie contagieuse. Si vous en connaissez, n’hésitez pas et allez-y de votre influence ! Il y a tellement à faire.
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